Réussite éducative au Bénin : quels peuvent être les apports des TICs ?

Article : Réussite éducative au Bénin : quels peuvent être les apports des TICs ?
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20 décembre 2016

Réussite éducative au Bénin : quels peuvent être les apports des TICs ?

Parler des TICs dans la réussite éducative au Bénin, c’est un peu comme rapprocher deux aspects de ma personnalité. Enseignant de formation, ancien élève-professeur de l’École Normale Supérieure, je me suis très vite découvert une passion nouvelle qui a conduit mes pas dans le domaine de la technologie et dans l’univers du Web.

Les TICs et l’éducation : un rapprochement possible ? Je pense bien que oui avec des perspectives très prometteuses. Faisons un tour dans l’univers éducatif béninois pour tenter de mesurer les probables apports des TICs dans la réussite éducative.

État des lieux de l’Éducation au Bénin

 « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde » Nelson Mandela.

La plupart des pays du monde l’ont compris et ont très tôt accordé une place prioritaire aux réformes éducatives afin d’offrir à la jeune génération une éducation de qualité répondant aux besoins du monde actuel.

En ce début de 21ème siècle où le taux de chômage est de plus en plus élevé, il n’existe aucun doute que la priorité pour toute nation est d’offrir à son peuple une éducation qui permette de développer chez le formé des ressources qui lui permettent de se prendre en charge. Les objectifs et les fondements pédagogiques de « L’Approche Par les Compétences » semblent répondre à cette vision. C’est ce qui justifie certainement son adoption par l’état Béninois comme programme officiel. Mise en phase expérimentale depuis octobre 2001, ledit programme est entré en phase de généralisation depuis 2005 et vise surtout à rendre autonome le citoyen en lui donnant les compétences pour sa prise en charge personnelle.

Une décennie plus tard, peut-on dire que l’Approche par les Compétences a produit des fruits consommables ? Le système éducatif béninois est-il en pleine forme ? En se référant à l’actualité, la réponse est indiscutablement « non ». Les résultats de fin d’année des 5 dernières années sont relativement peu encourageants. Les conditions d’apprentissage et d’enseignement ne sont pas vraiment optimales : manque d’équipement, manque d’enseignants qualifiés et l’accès à l’éducation pour tous n’est franchement pas une réalité. Le gouvernement béninois ne tarit toutefois pas d’efforts. À travers de nombreuses réformes, des projets d’équipements, des recrutements d’enseignants qualifiés… tout est mis en œuvre pour maximiser les performances du système éducatif béninois.

Au même moment, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) se sont implantées à une très grande vitesse dans notre société, et ce depuis l’avènement d’Internet. Aujourd’hui, l’omniprésence active des technologies de l’information et de la communication dans chaque domaine d’activité modifie de plus en plus nos modes de vie et de communication. Le secteur éducatif n’y échappe pas non plus ! Les jeunes s’abreuvent de plus en plus à l’électronique et au social. La société devient une communauté d’apprentissage dans laquelle l’école doit absolument se mettre en réseau avec tous les partenaires de la construction de savoirs.

TICs : quels impacts sur l’apprentissage au Bénin ?

Selon l’UNESCO, « Les technologies de l’information et de la communication (TIC) peuvent contribuer à l’accès universel à l’éducation, à l’équité dans l’éducation, à la mise en œuvre d’un apprentissage et d’un enseignement de qualité, au développement professionnel des enseignants ainsi qu’à une gestion, une gouvernance et une administration de l’éducation plus efficace ».

Au Bénin, Les TICs sont faiblement utilisés dans l’enseignement/apprentissage. Dans les quelques collèges dotés d’une salle informatique, il n’est enseigné aux apprenants que juste les principes de base de l’outil informatique (logiciels de bureautique) alors que la majeur partie de ces apprenants fréquentent les cyber-cafés et possèdent un compte Facebook. Paradoxe, n’est-ce pas ?

En classe, les informations mises à la disposition des apprenants ne sont, très souvent, pas à la hauteur de leurs attentes et de leur réelle motivation. L’apprentissage devient orienté, centré et fermé sur les mêmes contextes, les mêmes exemples… Les situations triées par l’enseignant ne permettent pas souvent à l’apprenant d’avoir accès à un grand nombre d’informations. L’accessibilité de l’information, la communication en temps réel ou différé avec des communautés d’apprentissage etc, ne constituent-elles pas une voie vers la réalisation d’activités pédagogiques jusque-là irréalisables en raison de contraintes de temps et d’espace ?

Mon expérience personnelle dans l’enseignement des sciences naturelles me permet d’affirmer qu’une « utilisation judicieuse des TICs encourage le développement de capacités transversales ». De nombreuses recherches pédagogiques effectuées sur l’impact des TICs dans l’enseignement confortent ma position : les TICs font ressortir l’intérêt des apprenants dans le processus d’acquisition des connaissances. Selon le grand pédagogue Dounem, l’utilisation de ces technologies peut encourager l’apprentissage actif, collaboratif, interdisciplinaire et individualisé et, de ce fait, améliorer le professionnalisme des enseignants.

Qu’est ce que je suggère ?

Les TICs sont une opportunité dont le secteur éducatif béninois doit amplement bénéficier. Ils doivent être intégrés de façon progressive dans les démarches pédagogiques. Il faut le reconnaître, ce n’est qu’en matière de complément qu’il faut envisager l’utilisation des TICs et non en faire une utilisation abusive au risque d’assister à des déviances.

 

Il est urgent de procéder à des ateliers de formation/recyclage des enseignants sur l’utilisation efficiente du système multimédia dans l’élaboration des didacticiels et de la numérisation des contenus de cours. Ce qui permettra également une scénarisation des pratiques pédagogiques qui prenne en considération la pluralité des comportements et des situations sur les plans culturels, économiques et politiques. Le débat est ouvert et je crois fermement qu’avec un peu de volonté de parts et d’autres nous y arriverons.

 

Photo © HELVETAS Bénin

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